
Être une aventurière, une guerrière orque avec une épée légendaire, passer son temps dans des campements de fortune à chasser des monstres mythiques et autres missions de mercenaires : la belle vie, la grande vie telle qu’elle est narrée habituellement dans les classiques du médiéval-fantastique (et d’une part non-négligeable des jeux de rôle). Mais les années passent, la lassitude pointe, et les maux de dos avec, entre autres petits inconforts. Et se pose alors la question : mourir glorieusement, en aventurière, ou passer à autre chose, et à quoi. Viv, du haut de ses deux mètres de muscles entrainés à tuer, a trouvé : elle, ce dont elle rêve, c’est de créer un coffee shop. Avec des espresso, dans une ville et une civilisation qui n’en a jamais entendu parler (parce que les machines à vapeur, et le café, c’est un truc de gnomes). Donc, oui, dans un cadre médiéval-fantastique et avec une héroïne pleine de muscles et porteuse d’une épée légendaire, on va surtout se préoccuper d’aménagement d’intérieur, de café, de pâtisserie et de clientèle. Ce qui est frais et drôle. Et, en vrai, on va surtout se préoccuper de relations, d’amitiés et de comment on réussit, ou non, à se construire une famille choisie et un lieu à soi. C’est un roman tout à fait roudoudou et attendrissant, pour les moments où vous aurez besoin de câlins et de réconfort. Avec une construction simple et efficace, et une écriture délicate, ça fonctionne parfaitement, sans autre ambition que de se faire du bien, mais c’est déjà une grande ambition. Je dirais même que, dans certains personnages et certaines situations, il y a un écho de Pratchett. En bref, si vous avez envie de petite aventure gentille et émouvante dans un cadre référencé jeu de rôle, c’est tout à fait réussi et agréable.