C’est un titre qui pourrait avoir l’air d’une blague, sauf que ce n’en est vraiment pas une, le propos de fond est sérieux et tout sauf anecdotique. Ce qui n’empêche pas l’autrice de l’aborder avec humour et légèreté, d’autant plus qu’elle écrit habituellement de la littérature érotique. Autant dire que pour son lectorat, et son entourage culturel, c’est tout à fait contre-intuitif voire choquant de défendre les petites bites. Et c’est bien ce que vient interroger l’autrice : la manière dont notre culture considère la grosse bite comme un totem incontournable, et toute autre position comme ridicule voire franchement louche. Et de là elle analyse le fait que soit un marqueur profondément symbolique de notre rapport collectif à la virilité. Pour prendre du recul, elle commence par une revue historique : au fil des millénaires, comment les différentes civilisations ont considéré les grosses et les petites bites. Ce qui est très amusant et très instructif : ça montre de manière évidente que l’association entre grosse bite et virilité souhaitable et valorisée n’est absolument pas une évidence. C’est libérateur. Et ça permet ensuite de décrypter de manière assez fine cette construction actuelle qu’on se trimballe plus ou moins tous-tes. Avec tout ce que ça implique de souffrances, de moqueries, de frustrations et de maltraitances (vis-à-vis de soi notamment). Dans différents contextes et pas seulement sexuels d’ailleurs. C’est précieux comme analyse de mon point de vue, ça incarne de manière très concrète une analyse des constructions genrées. Et pour finir, un argumentaire pour faire l’éloge des petites bites, ce qui est une proposition joyeuse et libératrice. Si ça reste une forme légère et un peu narquoise, c’est d’abord une vraie réflexion de fond et même une vraie proposition culturelle maline et importante. Parce que ça touche à un tabou important. Une lecture tout à fait réjouissante, et utile donc.