Sortir du capitalisme : une nécessité, certainement, mais en termes d’imaginaire et de perspectives, pour beaucoup d’entre nous : un mur, une absence d’imaginaire correspondant. C’est par cette question que Jérôme Baschet aborde le sujet : comment se redonner, se récréer et repartager des imaginaires de l’après capitalisme. Comment penser que c’est possible, pour commencer ? Ce questionnement sur la place et le rôle de l’utopie mène assez rapidement aux utopies existantes et en particulier celle du Chiapas. Que l’auteur connaît et à fréquentée : il n’en donne donc pas une vision idyllique, mais une description concrète et précise. Ce qui est une fois de plus inspirant, dans l’intention générale (alimentant un possible d’après) que dans les modalités concrètes. C’est à partir de ces modalités concrètes que l’auteur va ensuite dérouler des idées, ou plutôt des lignes conductrices pour penser qu’il peut y avoir un après et en même temps penser des manières de le préparer, de le rendre possible concrètement. Ce pour quoi il évite, à raison, les solutions magiques et les programmes révolutionnaires classiques. Il pose plutôt un périmètre d’action, des lignes stratégiques souples dans lesquelles se composeront au fil des temps des solutions variées. Un des axes est d’ailleurs la possibilité de plusieurs mondes, de travailler la diversité pour de vrai, comme socle. Une autre est la constitution et l’extension de zones de résistance et de gratuité. Ce sont des grilles de lecture que je trouve intéressantes et qui, sans faire programme ou référence, alimentent de manière agréable ma réflexion sur ces questions. C’est un livre que j’ai apprécié pour cet apport de réflexions et de pistes, et aussi pour le bol d’air frais qu’est sa description du fonctionnement du Chiapas.