
En voilà une bonne question, non ? C’est à moitié une blague et à moitié pas. Ce qui est tout à fait le point d’équilibre de ce livre. Qui est à la fois un texte littéraire et un essai socio-politique. Enfin, en vrai, c’est quand même plus de la littérature, mais tellement remplie de vraies références sociologiques et politiques que ça peut se discuter. L’intention est à mes yeux autant de produire un texte littéraire, étrange, beau, drôle et bien tourné que de faire réfléchir : sur la réalité des classes moyennes, leur place et leur responsabilité, et ce à partir d’un vécu d’une autrice qui en est issue et s’y reconnaît. C’est donc un peu bordélique, mais agréable et riche. Et surtout, c’est suffisamment bien écrit pour que de toutes façons, même quand on perd un peu le fil politique (enfin, pour tant qu’il y en ait toujours un, je ne suis pas complètement sûr), on continue à avoir envie de suivre le fil des formules brillantes et de la légèreté de la forme. Oui, c’est une forme aérienne et rythmée, avec des tournures et des enchaînements remarquables. C’est de la belle ouvrage d’écriture. Et le fait que ça parle des classes moyennes, sans les défoncer ou les mépriser d’ailleurs, apporte une profondeur bienvenue. Le résultat est en équilibre en permanence, d’une manière que j’ai trouvée aussi agréable que déstabilisante. Je ne sais pas vraiment au final quelle est l’intention, mais il n’est peut-être pas nécessaire qu’un texte comme celui-ci ait une finalité productive. Le fait qu’il soit beau et questionnant, qu’on ait plaisir à le lire et à réfléchir de manière libre, peut largement suffire, non ?