
Soudain, une tempête. Et après cette tempête, des nouveaux venus sont là, dans Paris, sans rien qui explique leur présence. Et elles se mettent à occuper les espaces vacants de la ville, sans rien dire, sans répondre, juste à exister et à venir ‘frotter’. Face à ces inconnues (dont on se met à parler au féminin, automatiquement, ce qui est perturbant et éveille les soupçons), ben, personne ne sait trop quoi faire, mais ça inquiète, ça déstabilise. La métaphore sur les migrant-es et les étranger-es en général, sur le rejet de l’altérité, est assez transparente. Et pourtant, l’autrice évite à merveille le risque de faire donneuse de leçons ou de faire un essai déguisé en roman. Parce que c’est un vrai roman. Avec d’abord une écriture, un style : de belles tournures et surtout une perspective flottante, un peu floue, qui est à la fois propice à dire des choses pertinentes et qui permet de ne pas s’enfermer dans des enjeux de réalisme ou d’anticipation crédible. J’ai trouvé cet équilibre très agréable et délicatement tenu. Et puis, il y a aussi un humour très réjouissant et qui allège grandement le propos (sans aucunement en réduire la portée, hein). J’ai souvent souri et parfois ri de certaines remarques et tournures. De la vraie littérature, quoi, diraient certain-es. Avec un fond franchement politique. Et sans faire dans la tragédie du tout. Franchement, c’est pas si souvent, et ça fait du bien.