Un sujet essentiel, donc : les hommes et le féminisme. Mais un sujet casse-gueule à traiter. Enfin, disons qu’il faut quelqu’un dont on puisse être certain que c’est un allié, et qui soit capable de ne pas se mettre en avant comme modèle. Ce qui tombe bien, c’est que justement François Dupuis-Déri répond à ces deux critères. Il passe ici en revue les positionnements masculins pro-féministes, avec leurs failles et leurs travers. Et il vient interroger de manière très politique, mais aussi très incarnée, les limites de cet engagement, et en particulier le fait que le fait de se déclarer pro-féministe n’est pas un gros risque (et est réversible) et que c’est particulièrement valorisant (et exploitable) dans un certain nombre de milieux. J’ai trouvé toute cette partie très éclairante, en ce qu’elle remet les choses au clair et brosse un panorama des positions et discours masculins pro-féministes (et anti-féministes, pour une partie, d’ailleurs). La suite a été pour moi encore plus intéressante puisqu’il vient interroger de manière concrète les manières d’être allié proféministe. Avec toutes les limites et contradictions qu’on se traîne en pratique. Et il le fait avec une grande acuité politique mais aussi avec toute la finesse produite par son parcours. Et avec, et c’est peut-être le plus réjouissant), tous les méticuleux scrupules d’un anarchiste qui voit bien là où il s’est trompé et se trompera encore. C’est un livre court, par contre, donc ça peut être frustrant d’avoir l’impression parfois de survoler (même si il y a de la biblio). A l’inverse, c’est rapide à lire, et fluide, ce qui fait que c’est facile à conseiller (et j’en suis bien content, parce que sur ce créneau, j’étais un peu emmerdé (je ne voulais déjà plus trop conseiller Welzer-Lang, et là je suis convaincu de l’enlever de mes biblios d’une part (parce qu’il prend cher) et j’ai de quoi le remplacer)). En bref, pour les copains féministes qui sont prêts à faire des efforts pour de vrai 😉