Pour tous et toutes arriveront le jour et l’heure. De dire adieu, de mourir. Mais pour certain-es, il est possible de le choisir, et de le faire de manière légale et accompagnée. En Suisse notamment. C’est cette mort volontaire et accompagnée que certain-es choisissent en cas de maladie grave et handicapante, pour éviter une fin de vie trop dure pour soi ou ses proches. C’est le choix qu’a fait Edith, la personnage principale de ce roman : mourir avant la démence et des souffrances trop insupportables. Elle demande à ses enfants de l’accompagner pour son dernier voyage, avec leur père. Un dernier road trip familial pour assister à sa mort. Elle est la personnage principale de cette histoire, mais elle est aussi l’absente, celle dont on entendra parler mais qui ne parlera pas. C’est donc un roman (ou un texte de théâtre d’ailleurs) à cinq voix : les quatre enfants et le père, au fil de ces deux dernières journées. Chacun-e va y livrer l’essentiel de ses préoccupations du moment, qu’il s’agisse de ce décès annoncé, de ce qu’a été la vie avec cette mère et épouse (au parcours par ailleurs fort et engagé) ou de ce que sont leurs difficultés de vie du moment. C’est donc, sans surprise vu le contexte me direz-vous, très fort, très émouvant et très condensé. En parlant de la vie autant que de la mort, de la famille autant que du fait de la fuir, de l’engagement et du sens de la vie. Et ce n’est pas long, ce sont des fragments courts et puissants et qui alternent les voix. C’est très prenant et très vite lu, enfin, selon le besoin de pauses pour respirer ou finir de pleurer. J’ai vraiment aimé, c’est un équilibre qui me plait vraiment et que je trouve bien mené. (Il est évident que le fait que je connaisse les personnes qui ont inspiré ce livre lui donne pour moi un sens particulier, mais je ne pense pas que ce soit ce qui me fait l’apprécier et le juger de cette manière).