
Question poésie contemporaine, je dois avouer d’une part que je suis une bille et d’autre part que je n’en ai pas forcément une image super positive. Heureusement, je bénéficie de conseils de qualité : dans le cas présent de ceux de Christophe Siébert (dont je vous rappelle que les livres valent le coup, par ailleurs). Wanted Stéphane Guivarc’h (non, l’ayant lu, je ne suis pas plus que vous au clair sur le sens du titre) est donc un récit poétique, sur la jeunesse d’un poète en devenir, ses errances, ses ambitions artistiques transgressives, sa vie amoureuse et la ruralité. Enfin, je dit récit poétique, mais il faut peut-être dire poème tout court, ou recueil, je ne sais pas. Parce que ça sort du peu de références formelles qu’on m’a transmises à l’école. Et tant mieux, en fait, parce que ça m’a bien plu touché et beaucoup plus plu. En petites séquences, sans rimes, avec beaucoup de jeu sur la mise en page et les coupures et respirations, il se créé vraiment quelque chose de touchant, de prenant, de beau à travers la recherche formelle. Les mots prennent un poids, une texture, des échos qui les grandissent, les renforcent, les rendent importants, incontournables, sensibles. Sans faire de manières, sans la tendance précieuse que j’associe trop facilement à la poésie. C’est à la fois profondément travaillé, élaboré, et en même temps très brut et direct. Le genre d’équilibres qui me plait. C’est le genre de lecture que je savoure doucement, ne prenant volontairement beaucoup de temps. Certains passages sont à mes yeux brillants. L’ensemble est un vrai plaisir. Le contenu me parle plutôt aussi, ce qui est sans doute nécessaire, mais ça fonctionne très très bien alors que ce ne sont pas non plus des sujets et des références qui me sont si proches ou importantes que ça. Je suis pas mal bluffé. Honnêtement, si on m’avait dit que la poésie contemporaine, ça pouvait être aussi bien, je serais aller explorer avec plus d’enthousiasme. Ce que je vais faire, d’ailleurs, en commençant par les autres écrits de Jérôme Bertin et cette collection du Diable Vauvert.