
Je crois que je suis prêt à tout lire si c’est de China Miéville, au point où j’en suis (j’en suis même à me demander si je n’essaierai pas de lire sa thèse…). Sur ce petit volume, je métais jusque là retenu en me disant que c’était trop cher pour un si petit volume et que ça avait peu de chances de valoir vraiment le coup. Bon, les soldes sont passées par là. Résultat, j’avais tort, c’est pas la taille qui compte. Tout petit volume donc, mais d’une densité étonnante et d’un intérêt indiscutable en ce qui me concerne. Même si ça semble pas gagné : une ballade dans Londres, rédigée de manière poétique, qui inclue des ressentis, des interviews et une analyse politique. Agrémentée de petites photos d’ambiance prises j’imagine avec un téléphone. Dit comme ça, ça ressemble à un travail d’étudiant-e des beaux arts avec des vélléités gauchistes. La seule différence, c’est que c’est China Miéville, donc un maitre et pas un étudiant. Et la maitrise de Miéville s’étend aussi bien à l’analyse politique des évolutions de Londres et du monde capitaliste qu’à sa capacité à évoquer des ambiances et des portraits en peu de mots, et à son sens exceptionnel de la formule et de la poésie. C’est une plongée délicieuse dans les dessous et les arrière-salles d’un Londres pré-apocalytpique guidé vers l’abyme par un néolibéralisme aveugle armé de tours de verre et d’acier. Une ambiance à la China Miéville donc, mais pas en fiction pour cette fois. Je ne peux pas juger techniquement des photos mais elles fonctionnent pour moi parfaitement en appui du texte, pour laisser l’ambiance prendre plus de texture et de profondeur. J’ai beaucoup aimé, mais bon courage pour savoir dans quoi classer cet ovni : pamphlet, analyse politique, urbanisme, poésie… en tout cas : réussi.