
J’avais beaucoup lu et appréciée Agnès Giard il y a un certain nombre d’années : aussi bien pour ses livres sur la sexualité au Japon que ses chroniques dans Libé sur les évolutions sociales et politiques des sexualités plus largement. J’avais un peu perdu le fil de ce qu’elle écrivait mais j’en gardait une image tout à fait positive. La sortie de cet ouvrage de compilation de ses chroniques publiées dans Libération m’a permis d’y remettre le nez de manière réjouissante. Il s’agit d’une sélection très partielle puisqu’elle a écrit plus de mille billets, et les articles sélectionnés sont regroupés par paire thématique, ce qui fonctionne étonnamment bien. Notamment parce qu’Agnès Giard aborde toujours ses sujets dans la complexité et l’ouverture et que ça permet de mettre en regard deux points de vue ou deux analyses. Agnès Giard parle de cul, donc, mais elle parle surtout de travaux de recherche, d’évolution de la société, d’explorations diverses et de modèles culturels bouleversés ici ou là. C’est donc de l’écriture très intello sur les sexualités. Et carrément passionnante, tant elle est capable de mettre en lumière des faits inattendus et de les analyser au regard de cadres théoriques variés et souvent tout aussi inattendus. J’ai eu l’impression de découvrir mille choses, et de découvrir plus encore de regards et de perspectives inattendues et enrichissantes. Chaque article est court et efficace, et se lit donc rapidement, même si la plupart méritent un minimum de concentration. L’accumulation donne parfois un peu le vertige tant il y en a et tant les perspectives sont variées, mais en prenant le temps et en profitant des regroupements thématiques, ça fonctionne franchement bien. Une belle compilation, et une ressource à garder dans sa bibliothèque.