Karim Berrouka continue dans ce filon qui est parfaitement le sien : une version punk des littératures de l’imaginaire. Après les zombies et Cthulhu, il s’attaque ici à la fantasy en général. Dans une mise en abyme joueuse, il s’attaque non seulement à la fantasy mais au milieu des auteurices de fantasy, à la culture de la fantasy. Avec toujours autant d’humour et de décalage puisqu’on commence avec un coup d’un soir qui met le feu à l’appartement d’une protagoniste avec sa bite en prétendant réhabiliter la fantasy, la vraie, en se définissant comme un lutin d’un mètre quatre-vingt. Ce qui n’est qu’un début en termes de n’importe quoi, puisqu’on aura aussi des fées qui ressemblent à des blobs en rut, un festival de punk des années 80 qui part en sucette, un prophète du désert schizophrène dans un corps d’enfant… bref, ça foisonne de manière vraiment drôle et irrévérencieuse. En soi, ça pourrait quasiment me suffire. Parce que ça enchaine et que Karim Berrouka a un sens de la formule qui claque que j’apprécie toujours, et toujours dans une perspective punk anti-capitaliste. Mais ce n’est pas tout, il y a aussi un vrai scénario de fond. Et je trouve même qu’il y a un net progrès par rapport aux précédents. Il faut un peu d’attention au milieu du n’importe quoi parce qu’on suit une série de personnages, et deux époques, mais au final tout retombe sur ses pieds de manière plutôt réussie. Un peu bordélique, certes, mais cohérente et réussie. Avec la jeu de mise en abyme qui fonctionne tout à fait bien en ce qui me concerne, ce qui donne une chute qui m’a tout à fait amusée. Karim Berrouka continue à me réjouir et à occuper un créneau unique : vive la fantasy non-bourgeoise véritable !