Ce petit recueil propose une petite série de contes féministes. En soi, c’est cool, et les contes sont amusants, vraiment bien écrits et dans une perspective effectivement féministe. Ce qui ne les empêche pas de répondre à tous les canons du conte de fées à la Perrault. Et ce n’est pas un hasard : Perrault a tout pompé. Enfin, plus exactement, il s’inscrit dans la filiation de ce mouvement littéraire, plutôt sur la fin d’ailleurs. Mais, comme c’est un homme, on n’a ensuite parlé que de lui dans l’histoire littéraire. Alors que non, ce n’était pas celui qui a eu le plus de succès, ni celui qui a lancé ou renouvelé le genre, ni rien de tout ça. L’ampleur de l’effacement des autrices de contes est absolument bluffante. Et je dit ça alors que je ne découvre pas le phénomène, hein. L’introduction est à ce titre tout à fait passionnante : les autrices principales ont non seulement lancé le genre mais ont aussi été les plus grandes ventes littéraires de la fin du siècle. Et paf, disparues, on ne conserve ensuite que Perrault comme référence. Ce n’est pas comme si ça avait été un tri, ça a été une suppression des têtes d’affiche, directement. Un scandale de plus, donc. Et je vous passe les maltraitances dont elles ont pu être les cibles de leur vivant. Pour autant, est-ce que ça vaut le coup de retourner chercher leurs textes pour les lire aujourd’hui ? Ben moi je trouve que oui. Ce sont des contes riches et élaborés, avec une bonne dose d’humour pour la plupart, et des personnages masculins secondaires, souvent passifs et parfois ridicules. Donc ce sont des histoires de filles, bon de princesses surtout, et de fées (et même les bonnes fées ne sont pas du genre niaises qui s’écrasent), qui font des trucs. Avec une écriture vive et chamarrée, même si c’est dans le style de l’époque et pas dans un style actuel. Un petit livre que j’ai trouvé plaisant, autant pour les textes eux-mêmes que leur contexte et leur place historique.