Ce petit roman de becky chambers n’est pas très récent, et quand on a lu le reste de ces récits (ce que je conseille, une fois de plus) on s’en rend assez facilement compte. Le format comme le thème sont plus classiques, plus proches des canons de la science-fiction. Un équipage en charge de l’exploration scientifique de planètes inconnues, loin, et sans rien perturber et abimer. Et ielles vont explorer effectivement quatre planètes, et faire de la science dans des contextes différents mais qui restent réalistes et sans découvrir quoi que ce soit de bouleversant du point de vue narratif (pas de civilisation alien ou de réponses aux mystères de l’univers, juste de nouvelles espèces et biotopes (ce qui est en soi une merveille pour des scientifiques, et on le vit avec elleux)). Tout ce qui se passe, toute la narration, toute la tension, relève de l’évolution des personnages, de leurs choix et du sens qu’ielles mettent à ce qu’ielles font. Bon, pas exactement, il y a une tension complémentaire, mais elle n’est vécue qu’à travers l’impact sur les personnages et n’est pas traitée en tant que telle. Si, donc, c’est de la science-fiction raisonnablement classique, il y a déjà toute la finesse et les spécificités de chambers : une narration hors des schémas habituels et centrée sur les émotions et évolutions des personnages, et une couche d’utopie crédible en arrière-plan. Et c’est bien, vraiment. C’est moins étonnant et moins abouti que ses romans plus récents, et ça me marquera certainement moins longtemps, mais c’est quand même un vrai plaisir de lecture.