
Quand on regarde un peu l’agriculture française actuelle, on se dit assez rapidement que ça n’a pas une bonne gueule, en termes de modèle général, de ce que ça produit, et tout autant des conditions de travail et de vie de celles et ceux qui y travaillent. Et c’est un gros problème, en termes politiques, au point qu’on se demande par quel bout prendre la question, comment réfléchir un problème qui soit à une telle échelle. C’est ce à quoi s’est attaqué l’Atelier Paysan. L’Atelier Paysan est une structure montée par des agriculteurices pour retrouver une autonomie technologique, proche de la confédération paysanne. Confrontées aux limites de ce qu’ielles produisaient au quotidien dans leurs activités, ielles se sont lancées dans une démarche de réflexion et d’analyse collective (ielles ont donc fait de l’éducation populaire, de la vraie) pour analyser leur contexte et imaginer des pistes de solution politiques. Ce qui a donné ce livre. Je trouve la démarche précieuse, mais surtout je trouve le résultat assez bluffant. Partant de la réalité concrète du terrain, on va monter en généralité, analyser de manière complexe et intelligente le contexte et les déterminismes historiques qui ont amenés à la situation actuelle, puis inventer des solutions crédibles et solides, tout en pointant que les dimensions structurelles et politiques ne bougeront pas à coup d’initiatives locales et d’alternatives mais bien d’un travail de fond et de longue haleine, en particulier d’éducation populaire politique (et j’y retrouve accessoirement des grilles de lecture connues et que je trouve précieuses et importantes à diffuser). Et tout ceci écrit de manière lisible et agréable, sans tomber dans des registres chiants ou trop abstraits. Et comme le fond est une vraie question d’utilité publique d’une importance considérable, c’est vraiment un bouquin à mettre entre toutes les mains. Moi, je tire mon chapeau à la démarche autant qu’au résultat et j’aimerais vraiment beaucoup voir la même chose dans d’autres secteurs et sur d’autres sujets. Lisez-le, faites-le tourner, c’est à ne pas rater. (Et bravo Hugo, une fois de plus).