
Je ne connaissais pas Sabrina Calvo, alors qu’elle a écrit pas mal de livres, classés en SF, et de jeux. La découverte n’est pas anecdotique : c’est un univers et c’est une écriture. Un univers qui a tout pour me plaire : anarchiste, transféministe, révolutionnaire, empli de références de culture contemporaine et déjanté. Dans le cas présent, il s’agit d’une ré-invention de la commune de Paris dans une époque contemporaine, à Belleville, à coups de collectifs autogérés de réveureuses, d’enfants, de combattant-es et de couturières. En lutte contre un pouvoir autoritaire et normatif, très militarisé et en ligue avec EuroDisney pour le contrôle des rêves et de l’imaginaire. Si ça vous semble bizarre, chaotique et inventif, dites-vous que ça l’est bien moins avec cette description que dans le roman lui-même. Parce que c’est foisonnant et construit en patchwork, mais aussi parce que c’est raconté par la voix d’une couturière dont les pensées et émotions prennent le dessus sur toute narration factuelle ou objective. Ce qui est permis par une très belle écriture. Poétique et morcelée, puissamment évocatrice, qui invente une manière de voir et de penser hors de la norme. Ce qui m’a parfois un peu perdu en termes de narration, mais jamais en termes esthétiques ou émotionnels. C’est beau et c’est réjouissant comme forme mais aussi comme intention et comme position politique Si vous avez envie d’une plongée onirique et révolutionnaire qu’on classe en Sf à défaut de pouvoir la classer vraiment…
Voilà qui fait bien envie. Je me le note!