
Flipette est artiste photographe, jeune, en train d’essayer de se trouver une place et un propos après ses études, et elle préfère ne pas trop se confronter au monde, ou pas de trop près. Elle prend le train pour aller aider sa sœur un moment au quotidien, parce qu’elle s’est cassée le pied. Sa sœur, c’est Vénère donc, et ce n’est pas pour rien qu’elles ne se sont pas vues depuis longtemps : elle est vénère. Contre tout le monde à première vue, et limite insupportable d’agressivité dans les interactions quotidiennes. Sauf que. Flipette va la remplacer dans l’asso de travail social où elle ne peut temporairement plus s’investir. Et elle va y voir ce qui s’y joue de souffrances sociales, d’injustice mais aussi d’humanité et d’engagement. Elle va comprendre pourquoi Vénère y tient tant, mais aussi voir, et révéler, à quel point c’est aussi un milieu avec ses travers, ses failles et ses cons. Et elle va, bien sûr, bouger. Et Vénère aussi. Ce qui aurait pu donner lieu à un regard stéréotypé et gentillet est au contraire traité avec finesse et complexité, ce qui en fait une grande réussite. Ce sont même les contradictions des personnages, ces nœuds qui ne disparaîtront pas, qui font l’essentiel de l’intérêt. Et comme on a tous et toutes quelque chose de Flipette et de Vénère, c’est touchant et ça vient interroger ou confirmer plein de choses