Emily Dickinson était une (grande) poétesse américaine. Elle a vécu dans la Nouvelle Angleterre puritaine du 19ème siècle une existence assez recluse dont on ne connaît pas vraiment les détails. Du fait qu’elle ait été publiée et ait connu le succès à titre posthume (parce que pour une femme de bonne famille, la poésie c’est scandaleux) et que sa correspondance intime (et volumineuse) ait été massivement brulée après sa mort, selon ses voeux. Reste quelques éléments et surtout sa poésie puissante, originale et enflammée (ainsi que résolument macabre). Faire une série sur Emily Dickinson aurait pu tomber à plat et être très scolaire, mais non, c’est assez réussi. C’est une série plutôt intimiste, dans une famille de notables d’une petite ville bien tenue. Les membres de la famille sont tous un peu bancals et névrosés mais tournent aux rôles comiques. Avec au milieu Emily, qui veut être poétesse, avec passion, et voudrait être libérée des conventions (maritales notamment, pour pouvoir vivre son amour pour sa meilleure amie). Sauf que non, c’est ps si simple, alors elle écrit, elle moque et elle se rebelle où elle peut (avec des marges de manœuvre parfois surprenantes étant donné la relation très étrange avec son patriarche de père). Et ça fonctionne, parce que c’est bien écrit (chaque épisode est basé sur un poème et lui donne un contexte) et parce que c’est bien joué. En particulier par l’actrice d’Emily qui lui donne un charme et une énergie décalées qui fonctionne très bien. S’y ajoute un humour un peu noir et bienvenu et un jeu autour des anachronismes qui m’amuse. Et qui est particulièrement flagrant dans le recours à des musiques modernes, ce qui fonctionne étonnamment bien. C’est une série que j’ai trouvée jolie, en phase avec des enjeux modernes sans pour autant trahir le personnage et juste assez décalée pour me plaire.