
Vous avez envie de vous reprendre un petit rail de vie triomphant malgré la désespérance moche du monde : voici Valentina, le nouveau volume des chroniques de Mertvecgorod. Pour rappel, Mertvecgorod, c’est ce pays fictif qui concentre le pire des bas-fonds et coulisses de l’Europe : décharges, pollution, corruption et crime organisé, drogues et misère sociale. Un concentré dégueulasse (mais ô combien pertinent et juste) de la marche du monde d’aujourd’hui. Et c’est là-dedans que Christophe écrit la vie malgré tout. La vie qui ne lâche pas alors que… Plus encore dans celui-ci que dans les précédents, parce qu’ici on suit une bande de jeunes marginaux qui veulent vivre quand même. Qui se débrouillent pour vivre même si il n’y a aucun espoir que les choses s’améliorent vraiment. Alors ielles vivent à coups de drogues, de vertiges et d’abandon mais ielles existent, vibrent, sont uniques et disent merde au monde. Rien n’est objectivement joyeux dans cette histoire, on baigne dans la crasse et le désespoir, et pourtant il y a une lumière, une énergie permanentes et d’autant plus belles qu’elles sont inespérées et fragiles. Une fois de plus, c’est la magnifique écriture de Christophe qui permet à cet équilibre de fonctionner et de nous entraîner pleinement, dans le glauque autant que dans la joie sauvage et réconfortante (sans être rédemptrice). Je ne m’invite à Mertvecgorod que quand je sais que je suis disponible, mais je ne regrette jamais le voyage !