
Pourquoi l’écologie, politique autant que militante, réussit-elle si mal à toucher les quartiers populaires, en particulier racisés ? C’est à cet enjeu que Fatima Ouassak s’attaque ici, à partir de son vécu, de son expérience de terrain et de regards théoriques. Dans un format court et vivant, avec l’ambition de proposer une vraie stratégie. Une stratégie de pirate, inspirée du manga One Piece en particulier. C’est vivant et c’est facile à lire même si elle y déroule des idées de grande ampleur, sur la manière de refaire lien à une terre, à un ancrage vécu pour des populations qu’on fait tout pour désancrer politiquement et symboliquement. Sur la nécessité de lier lutte écologique et lutte anti-raciste. Sur le fait de positionner l’enjeu de liberté comme central, et notamment de liberté de circulation et d’installation. Avec tout ça, elle dessine les contours d’une stratégie, qui ont nécessairement une part de flou vu l’ampleur des questions et la taille du livre. Mais ce n’est pas à mon sens un problème parce qu’elle ne vise pas un programme mais un horizon. Et cet horizon est joliment illustré et rendu palpable par ce qu’elle expérimente sur le terrain (Verdragon) et par l’imaginaire qu’elle image sous forme de conte. J’ai trouvé ça réjouissant de voir inventer une nouvelle perspective. Et j’ai trouvé ça éclairant et précieux d’avoir un regard situé et une analyse fine du point de vue spécifique des classes populaires issues de l’ immigration maghrébine.