
Kuessipan, c’est d’abord une écriture. Limpide. Lacunaire. Poétique et pourtant très factuelle. Découpée en tout petits textes : une scène, un personnage, une émotion ou une couleur. Ce n’est pas narratif et pourtant c’est puissant pour évoquer les lieux et les vies. Pour se trouver plongé-e dans une ambiance et dans un ailleurs. C’est déstabilisant aussi parce que ce n’est pas un roman au sens habituel, le fil narratif n’est pas explicite, les personnages ne sont ni identifiés ni réellement récurrents. Et pourtant il y a bien un récit, une histoire transmise avec force. Celle des réserves du Grand Nord canadien, des populations innues écartelées entre la pauvreté moderne et l’appel de la vie nomade traditionnelle. Et dans tout ça la place des jeunes filles et de la maternité. C’est beau, c’est émouvant mais ce n’est pas joyeux. J’ai vraiment aimé, la forme comme le fond, de ce court et puissant témoignage.