
Un dialogue approfondi entre Pignocchi (si vous ne situez pas, je vous renvoie à toutes les précédentes chroniques où j’en dis du bien) et Descola (ponte de l’anthropologie et notamment du rapport à la nature) : ça ne peut que bien se passer. Ils se connaissent, ils ont plein en commun donc c’est fluide mais ça va permettre de creuser. Le point de départ. c’est de remettre à plat la question du rapport à la nature, et de déconstruire cette idée de nature comme une réalité pour la considérer comme un fait culturel (thème connu si vous avez lu l’un ou l’autre). Et de là de regarder comment l’approche occidentale s’est construite et imposée comme si elle était universelle, et ce avec un regard critique et anti-capitaliste. Exploration qui se fait avec quelques détours, dont un bon résumé-synthèse d’un des éléments centraux du dernier Graeber-Wengrow (si vous n’avez pas le courage de vous y attaquer, le résumé de Pignocchi est bon). De là, ils se projettent vers des voies de sortie et de survie, en se basant sur leur analyse mais aussi leurs expériences ethnographiques et ZADistes. Et ça donne des idées et de l’espoir. J’ai trouvé la forme dialogue agréable mais c’est un dialogue de deux personnes qui prennent le temps de penser et d’expliquer. C’est dense, donc, même si les chapitres sont assez courts Ce qui aère vraiment, et joyeusement, ce sont les BDs de Pignocchi, toujours belles, toujours très drôles et ici parfaitement en lien avec le propos. C’est un livre que j’ai trouvé très réussi et qui esquisse de vraies perspectives.