Annie Ernaux et Rose-Marie Lagrave ont à peu de choses près le même âge, des parcours avec pas mal de points communs, des références partagées, sociologiques autant que littéraires, elles écrivent des livres, elles se connaissent et elles sont toutes deux brillantes. Quand elles discutent ensemble, avec le temps de dérouter leurs pensées et assez de confiance pour se livrer, ça vaut franchement le coup. Alors bien sûr, j’apprécie en grande partie parce que je suis fan des deux, et c’est un livre qui est d’abord destiné à celles et ceux qui connaissent et apprécient les deux autrices (ou au moins une des deux). C’est un vrai plaisir de les découvrir ainsi, de les voir explorer leur liens et se répondre à coups de vécu, d’idées et de références. Tout ceci avec une humilité et une finesse attendues mais pour autant réjouissantes. Au-delà de cette dimension de connivence, ceci dit, elles reprennent et développent aussi un certain nombre d’idées communes à leurs œuvres et à leurs parcours (les deux étant dans les deux cas très liés), ce qui fait qu’il y aussi de quoi s’alimenter, approfondir et réfléchir. Quand on les connaît mais aussi, probablement, quand on ne les connaît pas. Je me dis que ça peut être une chouette manière de découvrir les deux autrices et des éléments-clés de leur travail. D’autant que c’est d’une lecture agréable et fluide puisqu’il s’agit d’une conversation.