Etant donné le bruit qu’il a fait, il y a des chances que vous ayez déjà entendu parler de ce (petit) livre de Lucile Peytavin. Je l’ai attendu en poche (ce que par ailleurs je  ne regrette pas). Le principe est simple : tenter de chiffrer ce que coûte à la société la virilité, c’est-à-dire les comportements anti-sociaux spécifiquement liés à la masculinité (ie la manière dont elle est construite et autorisée socialement). De manière directe (violences, agressions, dommages matériels, coûts de santé), et indirecte (impacts sur les victimes, prise en charge judiciaire et pénitentiaire, etc.). Et ce dans tous les domaines à des chiffres sont disponibles. Le champ est large et les sommes dont on parle sont affolantes. Et si on peut discuter du fait de chiffrer, on ne peut contester l’efficacité pour montrer l’ampleur du problème et sa dimension politique et sociétale. Parce que, oui, même déjà sensibilisé, les chiffres sont choquants, sur la proportion d’hommes responsables des actes anti-sociaux. C’est donc un boulot utile et impactant, à diffuser. Il se trouve par contre que ce travail de chiffrage prend assez peu de pages, et qu’il s’agit surtout d’une enfilade de calculs. Pour utile et important que ce soit, c’est rapide à lire et un peu chiant en termes de forme. Donc autour, il y a d’autres choses pour que ça fasse un livre. Une conclusion qui est un appel à se saisir de ces enjeux. Une première partie, plus longue que celle sur le coût au final, qui fait un très bon boulot de pédagogie sur la virilité, sa construction et ses impacts. C’est un abrégé sur l’égalité femmes hommes. Que je trouve impeccable et pas du tout surprenant : c’est exactement la structure et les contenus qu’on m’a transmis pour former là-dessus (j’ai été à bonne école : merci Elise, Violaine et Isabelle !). Tout dans ce petit livre est très bon, donc, mais certain-es pourraient être déçu-es de venir spécifiquement pour le coût de la virilité et de constater que ce n’est qu’une petite moitié, et un peu austère. En ce qui me concerne, c’est un bouquin que je vais largement recommander.