
La collection “Le cœur sur la table » continue à nous proposer d’explorer des questions autour de l’amour et des relations. Là, Gabrielle Richard nous invite à explorer ce qu’il se passe quand on choisit de faire famille en dehors des cadres habituels, et en particulier pour des personnes queer. Dans un premier temps, elle fait un boulot de pédagogie sur les questions de genre, d’orientation sexuelle et sur ce qu’elle entend par queer. Et sur l’idée de queerer le monde : de l’interroger et de le faire bouger à partir de cette position queer. J’ai trouvé ce démarrage un peu long mais il est utile et pose bien l’intention et la logique de la suite. Pour le reste de ce petit livre, l’autrice va, à partir des très nombreux entretiens qu’elle a mené à des fins de recherche, montrer les manières dont les personnes queer doivent pour faire famille se confronter aux normes (et discriminations) et donc les rendre visible et les contourner, détourner ou faire bouger. Ce qui ouvre pas mal de possibles et donne des idées pour réinventer en partie la famille et la filiation. Ce que j’ai trouvé chouette, mais aussi frustrant à plusieurs titres. J’ai trouvé les récits de ces familles courts et assez distanciés (approche recherche oblige) alors que j’aurais aimé plus de vécu et de complexité. Je regrette aussi que la grosse majorité soit centrée sur des enjeux reproductifs et de filiation et pas beaucoup sur la manière dont ces familles vivent et grandissent ensuite et se confrontent au monde et à la construction des enfants. Et, pour finir, j’aurais eu envie d’un peu plus de généralisation ou de théorisation. Mais ce sont plus des regrets liés à mon intérêt pour le sujet que des reproches, parce que vu le petit format, c’est déjà un boulot intéressant et qui ouvre plein de perspectives.