Si ce n’est qu’elle est magicienne et qu’elle transformait des gars en cochons, je ne connaissais pas Circé (et qui plus est par le regard d’Ulysse uniquement). Madeline Miller a ici réécrit l’histoire de Circé, dans une version moderne, puissante et féministe. Elle reste tout à fait fidèle à la mythologie, qu’elle va à la fois compléter (parce que Circé n’y est pas un personnage central) et interpréter avec le prisme d’une femme (d’une nymphe, de (donc d’une déesse, certes)) aux prises avec un système de domination divin et patriarcal. En résumé, elle part du principe que les dieux sont des gros cons égoïstes et immatures, mais elle le traite avec beaucoup de finesse( ce n’est pas ouvertement de la satire (même si ça a parfois un peu le même goût, et que ça provoque le même type de sourires voire de rires)). Elle raconte donc la vie de Circé, fille d’Hélios, depuis la cour de son père jusqu’à son exil sur son île et à ses diverses rencontres et évolutions. Le moins qu’on puisse dire, c’est qu’il se passe des trucs, le rythme est étonnamment soutenu (ce que j’ai trouvé très agréable) et la tension permanente (parce qu’on est quand même dans la mythologie grecque et l’ambiance est plutôt aux drames familiaux, vengeances et autres dilemmes). C’est franchement prenant, j’ai été complètement entraîné, d’autant que c’est vraiment très bien écrit (je vous souhaite que la traduction soit au niveau, car, oui, c’est disponible en français). Et, pour vous encourager, je vous rassure : ça ne se termine pas de manière tragique, mais au contraire très très joliment.