
Depuis le temps que j’entend du bien de James Baldwin, j’avais envie d’essayer et ce petit livre m’a attiré : deux lettres/essais sur le sujet du racisme, des rapports de classe et de la place de la religion dans l’émancipation des noir-es américain-es. Dis comme ça, ça sonne abstrait et intello, sauf que pas du tout : c’est incarné, narratif et très fort en émotion et en clarté. Parce que oui : James Baldwin écrit vraiment très très bien. Il écrit de manière accessible et simple, mais avec une finesse remarquable et surtout avec un sacré impact dans ce qu’il révèle et défend. Le premier texte est une courte lettre à son neveu pour lui confirmer ce qu’il subit en grandissant en tant que jeune noir aux USA et lui donner la force d’avancer. C’est court. et touchant. Le second texte est un récit, plus long, de son enfance et surtout de la manière dont la religion fut sa seule issue pour s’extraire de son monde social. Puis comment il est sorti de la religion, et n’a ensuite pas adhéré, malgré une vraie rencontre, à la doctrine d’émancipation noire par l’Islam d’Elijah Muhammad et Malcolm X, et qu’il s’est construit une autre voie. C’est culturellement passionnant, politiquement bien posé et personnellement émouvant. Et c’est suffisamment bien écrit pour que tout ça fonctionne ensemble de manière fluide dans un format court. Je dis bravo, j’y reviendrai.