
Aline Laurent-Mayard kiffe Timothée Chalamet, mais grave. Et elle s’en amuse, elle ne le vit pas au premier degré, ce qui fait qu’elle en parle avec beaucoup d’humour.. Elle l’adore parce qu’elle voit en lui une nouvelle forme de masculinité, qui assume douceur, sensibilité, vulnérabilité et ambiguïté. C’est le point de départ de ce livre et elle le développe de manière drôle et intéressante (et avec d’autres stars dont certaines que j’ai découvert). C’est chouette et c’est effectivement encourageant comme changement de modèle culturel. Au fil de son analyse, elle commence ceci dit à modérer son enthousiasme : on parle quand même de stars millionaires, blancs et hétéros, et de ce qu’ils donnent à voir. Ce qui a ses limites. Et puis se pose la question : quand bien même ça impulserait ou illustrerait un changement de modèle et de représentation… est-ce que ça va changer quelque chose en termes de rapports de domination et de patriarcat ? Ce à quoi elle répond : sans doute pas tant que ça. Ce qui lui donne l’occasion d’un long développement, que j’ai trouvé vraiment intéressant, sur la capacité du patriarcat à intégrer ce type de subversions sans que ça remette en cause les rapports de pouvoir et le type de dominants. Elle montre, avec des exemples historiques, que ça fait bouger des choses mais pas tant que ça si ce n’est pas en lien avec d’autres terrains de lutte. Ce qui l’amène à conclure que c’est bien ces évolutions mais qu’en vrai, il faut aller sur des approches de lutte matérialistes pour que sa bouge. Ce qui me va tout à fait et qui n’enlève rien à l’intérêt de tout le reste mais donne une tonalité cynique et critique au sous-titre et l’impression de faire un aller-retour au fil du livre (ce que je trouve intellectuellement honnête et stimulant, mais qui peut déstabiliser).