
Les chevaliers du tintamarre est un premier roman, dont le quatrième de couverture est sympathiquement accrocheur : une bande de trois crapules rigolards empêtrés dans une enquête au sein d’une cité crasseuse et inégalitaire pleine de mystères. Et ce sont effectivement les points accrocheurs de ce roman. La cité est originale et pleine d’invention et d’idées originales, qu’il s ‘agisse de magies, de créatures, de religion ou d’histoire. C’est riche et le plus souvent amusant, avec de l’humour même s’il est parfois un peu potache. Et c’est crasseux, des héros aux bas-fonds à la mythologie, ce qui fonctionne bien en ce qui me concerne (jusqu’aux nobles, même si ça pousse le contraste à la caricature). Au-delà de ce cadre et de cette inventivité, il y a une écriture souvent jolie et inventive, avec notamment un beau travail de vocabulaire. Mais, j’ai de vrais problèmes avec la narration par contre, que je trouve disjointe, pleines de ruptures et sans fluidité. Au point que ça m’a été parfois pénible et que j’ai régulièrement eu du mal à suivre. S’y ajoute une maladresse et quelque chose de forcé dans beaucoup de dialogues, ce qui de manière générale va avec des personnages parfois pas très cohérents. Le fait qu’il y ait beaucoup de personnages aggrave cette tendance. Ce ne sont pas des problèmes si étonnants pour un premier roman mais ils sont assez marqués pour m’avoir clairement géné (en particulier la narration décousue qui donne un sentiment d’incohérence à l’intrigue, jusqu’au bout alors qu’il y une idée de scénario viable). Et puis, sans faire ma mauvaise tête : c’est franchement beaucoup sexiste. Les personnages féminins sont inconséquentes et sont là, et systématiquement motivées, pour se faire baiser à la première rencontre par les protagonistes (qui en parleront ensuite entre eux en se félicitant). Et ça, franchement, ce n’est pas de la maladresse liée à un premier roman, c’est un parti-pris : celui de faire un roman boys club de fantasmes et d’amusements masculins. Ce qui fait que, non, ce n’est clairement pas un roman que je vous conseille.