
La question du conflit, et sa place culturellement, m’intéressent et ce livre m’a du coup accroché : Sarah Schulman vient creuser en particulier la manière dont nous tendons à confondre conflit et agression, et plus particulièrement la manière dont certain-es vont considérer tout conflit comme une agression. Et donc passer sur un registre de violence, en considérant que c’est justifié, pour éviter toute remise en cause et tout prise en compte de leur responsabilité dans le conflit et tout regard en termes de rapports de pouvoir et de domination. Elle avance l’idée, de manière convaincante, que cette dérive est commune aux dominant-es et aux victimes de trauma. Pour des raisons opposées mais avec des résultats similaires. J’ai trouvé cette analyse riche et précieuse. Elle l’étaye largement, en s’appuyant sur des ressources très variées et complémentaires (sans s’arrêter à des enjeux disciplinaires, elle n’est pas chercheuse) et elle les illustre à partir de son expérience de militante féministe lesbienne, de l’histoire des politiques canadiennes sur le Hiv et de la guerre fait aux palestinien-nes par Israël (sachant qu’elle est juive). Elle termine avec des pistes de bonnes pratiques très utiles aux inspirations complémentaires. C’est un livre que j’ai trouvé très intéressant pour approfondir ma réflexion et m’outiller, même si il est parfois déstabilisant par son côté mosaïque.