
Azincourt est un énorme massacre, vraiment moche. C’est aussi l’apogée de la suffisance et de l’orgueil, presque autant qu’une accumulation de circonstances malheureuses. Malheureuses pour la chevalerie française, dont cela sonne la fin méritée (autant de bêtise sûre d’elle-même, c’est quand même fou). En fait, c’est un évènement historique tellement incroyable que ça ne passerait pas du tout si c’était une fiction. C’en est comique, profondément, malgré l’hécatombe, pour peu que vous ne craigniez pas l’humour noir. Et c’est le type de circonstances qui se prêtent bien à la plume de Jean Teulé. Il écrit toujours avec la même fluidité et rapidité, ce qui dans le cas présent permet de ne pas non plus passer des heures dans les tripes et le sang. Et il écrit avec un sens de la satire très adapté au sujet et manié avec finesse. Je reste par contre dubitatif sur l’utilité de la prostituée comme fil rouge, avec des scènes de sexe peu ragoutantes même si le côté glauque est raccord avec le reste. C’est un petit roman rapide et agréable sur une bataille si incroyable qu’elle mérite à elle seule la lecture, sous réserve de pouvoir lire sur un massacre en gardant une certaine légèreté (ce qui peut être aidé par le fait que ce sont beaucoup des nobles arrogants qui meurent, à vous de voir).