En voilà un bon bouquin inattendu et inclassable recommandé par ma libraire ! Fantaisies guerrillères, c ‘est l’ histoire de Jeanne d’Arc… sauf que c’est sans doute la manière la plus trompeuse de le présenter. Disons que c’est l’ histoire de Yolande d’Aragon qui monte une école secrète pour former des Jeannes, histoire d’en avoir au final une qui accomplira la prophétie. Ce qui n’est que le début parce que ça part ensuite dans du beaucoup plus fantastique et extravagant (je spoile un peu mais pour situer : au final, on va beaucoup parler de Cthulhu et Al-Hazred). Question histoire, c’est donc chamarré et il faut être prêt-e à se laisser embarquer dans du n’importe quoi. Qui fonctionne honnêtement bien, même si les passages fantastiques auraient pu être un peu resserrés à mon goût. Ceci étant, ce qui fait pour moi avant tout le charme de ce roman, c’est l’écriture et la langue. C’est une langue parlée qui mélange avec beaucoup de joie et d’inventivité de l’ancien français, de l’argot et des bouts d’anglais. Et c’est vraiment réussi et très drôle. Ajoutez à ça le fait que les narratrices ont une perspective sarcastique sur les enjeux et les mœurs de l’époque : ça en fait un bonheur à lire. Je crois que si ça avait été purement un récit historique ça m’aurait tout autant plu, juste grâce à cette langue magnifique et décalée. M’a plue aussi, sans surprise, la dimension féministe et la mise en lumière de plusieurs figures de grandes guerrières. Je regrette même que ce ne soit pas plus exploité, même si il y a de précieuses biographies résumées en appendice. L’ensemble en fait un roman inclassable mais auquel j’ai pris grand plaisir dans un mélange de langue inventive, d’histoire, de références geek, de féminisme et d’humour.