J’aime bien les titres clins d’œil de Mathilde Larrère, parce j’ai les mêmes références de vieux-vieilles, mais au-delà de cet aspect anecdotique (mais révélateur d’un état d’esprit joueur que j’apprécie) j’aime surtout le magnifique et abordable travail de vulgarisation qu’elle réalise. Vulgarisation de la recherche en histoire, tâche nécessaire et salvatrice, et du féminisme, tout autant. Et ici, des deux contenus, donc. Question contenu, j’y allais donc sans inquiétude, et c’est effectivement documenté, précis et engagé tout en étant parfaitement accessible. Question forme, j’étais honnêtement plus sceptique puisque l’entrée est par les objets des luttes féministes, avec une structure qui est plus ou moins un catalogue. Et je dois me rendre à l’évidence : ça fonctionne drôlement bien. D’une part, les objets sont regroupés par thème et ça donne donc des chapitres cohérents et forts. Et d’autre part, l’entrée par l’objet permet de toucher de manière très directe et émouvante au vécu et au sensible, et donc à la vie des personnes de manière très incarnée. Les luttes sont rendues non seulement explicites mais vivantes, avec un contexte, une narration voire une dramaturgie qui ont de fait une matière, une texture que l’on a d’autant plus l’impression de toucher. Je suis donc complètement séduit par la manière autant que par la matière. Et je le suis aussi par l’engagement et les valeurs, et l’humour, comme toujours chez l’autrice. Pour le même prix, c’est une fois de plus illustré avec talent par Fred Sochard et c’est donc un joli objet en lui-même.