
Asad Haider s’attaque aux ambiguités et aux impasses des politiques de l’identité, ce qui peut sembler très états-unien. Et ça l’est, dans le contexte et les références qu’il mobilise, comme dans son parcours d’ailleurs, mais en même temps ce sont des tendances qui ont débarqué jusque chez nous, largement. Et qui touchent à des questionnements politiques de fond bien reflétés par le sous-titre : race, classe et identités. Dans un format lisible et dynamique, Asad Haider propose un parcours plutôt historique à partir de différents mouvements politiques et d’idées qui ont constitué des approches divergentes de la question raciale, avec une analyse politique et stratégique que j’ai appréciée. Parce qu’elle est fine et aussi parce que c’est une approche socialiste revendiquée (au sens d’origine, rien à voir avec notre PS, donc). Au milieu, un chapitre que je trouve d’une clarté brillante sur la définition et les mécanismes du racisme. Et ensuite une réflexion critique sur les impasses des politiques identitaires et des pistes et clés pour traiter les questions raciales dans un cadre politique plus large, plus ambitieux et plus mobilisateur. Sans arriver à une grande théorie finale, ça fait quand même du bien. J’ai apprécié la réflexion d’ensemble et ça a continué à m’outiller sur ces enjeux.