
Voilà un roman dépaysant, à plusieurs points de vue, et tout à fait réussi. Le contexte, déjà, est inattendu : la Chine pendant l’occupation mongole. Du médiéval, donc, mâtiné d’un peu de fantastique, mais pas du tout de chez nous. Et j’aime bien, c’est riche, surprenant et qui plus est majoritairement historique (comme cadre, pas comme histoire). Le deuxième élément dépaysant, c’est la culture qui va avec, et en particulier la culture religieuse, bouddhiste et dans laquelle les personnages sont préoccupé-es et guidé-es par l’idée qu’ielles se font de leur destin et de leur obligation d’y souscrire ou pas. Et enfin, c’est dépaysant du fait des personnages. Une petite fille qui se fait passer pour un garçon pour endosser le destin de son frère mort (destin grandiose alors que le sien : néant) et qui va devenir moine puis bien plus que ça à coups de volonté de fer et d’intelligence, ce qui fait à la fois un personnage fort et des ressorts narratifs malins et inhabituels. Et un eunuque général pour les mongols, très torturé dans ses loyautés et héritages, ce qui là aussi est prenant et hors des clichés. Avec ça, l’autrice tisse une histoire riche et mouvementée à grande échelle, avec aussi bien des moments touchants que de la grande politique. Ce qui fonctionne donc tout à fait bien et donne un bon moment de lecture dépaysante. Mon seul regret est que ça ne se termine pas là, il y aura une suite, et je ne sais pas si je suis assez séduit pour replonger une fois le plaisir de la découverte passé.