
J’ai bien aimé cher Connard. Mais. Mais j’ai pu bien l’aimer quand je me suis dit que c’était juste un roman de Despentes (que j’aime beaucoup) et pas un nouveau King Kong theory, pas « le roman révélateur de la période Metoo « ou du confinement comme j’avais pu le lire. C’est un bon roman. Avec deux personnages riches et touchants, tou-tes deux empêtré-es dans les enjeux de l’époque (Metoo et les luttes féministes, avec un troisième personnage moins développé mais importante à bien des points de vue ; le néolibéralisme ; l’art et la célébrité ; la parentalité…). Comme il s’agit de Despentes, elle a des choses à dire sur tout ça, souvent désordonnées mais très souvent brillantes, et elle les dit bien, avec régulièrement des tournures en forme de punchline. Tout ça ferait un mélange chaotique mais c’est tenu avec un fil épistolaire central autour de l’amitié et, surtout de la drogue. Ce qui fait, avec une forme originale, un vrai roman au sens plus traditionnel du terme. Qui fonctionne, qui touche et dans lequel les personnages évoluent et se font évoluer. Et c’est chouette. Ce n’est pas exceptionnel mais c’est chouette. Et le mélange avec toutes les réflexions de fond et la qualité d’écriture de Despentes fait que j’ai bien aimé (sans, comme je le disais, penser que c’est une œuvre majeure et inoubliable).