
Ok, c’est un titre à rallonge, et particulièrement peu créatif, mais il se trouve qu’il donne une idée juste du contenu, ce qui n’est tout de même pas inutile. À partir d’un corpus limité, mais du coup concret et illustré, l’auteur décrit comment est structuré le pouvoir dans certaines sociétés polycéphales. C’est-à-dire des sociétés dépourvues d’autorité centralisées et dans lesquelles le pouvoir est réparti parmi plusieurs groupes et instances plus ou moins formelles, chacune ayant ses règles et ses structures. Et il montre que ce n’est pas un hasard, mais bien un choix conscient destiné à éviter à tout prix des structures sociales autoritaires voire tyranniques. Et tout aussi passionnant, il montre quelles stratégies sont pensées pour : stratégies institutionnelles mais aussi beaucoup stratégies culturelles destinées à ancrer l’idée qu’il est honteux, voire ridicule, de tenter d’accumuler du pouvoir coercitif. Tout ça a bien sûr des échos et références à Pierre Clastres et à David Graeber, tout en en donnant des illustrations complémentaires. Sur cette base descriptive, il fait le lien avec l’anarchie en termes de valeurs et de pratiques, en oubliant d’ailleurs pas de pointer la dimension très sexiste de ces sociétés égalitaires pour les hommes seulement. Tout ceci fait un petit ouvrage honnêtement lisible pour peu qu’on s’intéresse un peu au sujet qui peut être un moyen pas trop lourd de découvrir ou un complément bienvenu.