Anne Sylvestre a beaucoup écrit (et quelle écriture !) mais au final un seul livre, celui-ci, invitée par Philippe Delerm pour la collection le goût des mots. Il n’y avait pour elle pas de meilleur format que de la faire écrire sur les mots qu’elle aime. C’est un exercice de poétesse qui lui convient à la perfection. Pour chaque mot choisi, elle évoque en deux pages le son, le sens, les souvenirs et évocations. C’est beau, c’est doux, c’est souvent drôle et c’est aussi plein de souvenirs d’enfance et de fragments de quotidien. Quand on connaît Anne Sylvestre, on y est comme chez soi. Dans sa version la plus douce et la plus nostalgique puisque les seuls moments de colère sont d’ordre étymologique ou joyeusement anecdotiques (ah, les tomates !). Après tout, ce sont les mots qu’elle aime et c’est donc d’amours qu’elle parle (avec une pirouette à la fin puisque jamais elle ne se sera livrée à la facilité pataude d’une approche frontale). C’est un très joli livre, à picorer par petits morceaux, pour un désir de douceur et de finesse. Pour les amateurices de mots et d’Anne Sylvestre (deux catégories qui ont absolument tout pour se recouper très largement, on est d’accord.)