
Une histoire de la révolution russe, écrite par China Miéville, ça ressemble à une drôlement bonne idée puisqu’il est à la fois communiste (et fils de communistes) et un écrivain d’un talent incontestable. Le défi est considérable : raconter la révolution, et surtout l’année 1917 (ce qui est un bordel tout à fait démesuré à tous points de vue) de manière accessible à toustes et dans le même temps de manière agréable à lire. Et, oui,c’est complètement réussi. China Miéville réussit à rendre compréhensible les nombreuses factions politiques et leurs alliances, débats et affrontements (alors qu’il y a de quoi s’y perdre cent fois) tout en mettant en scène certain-es grand-es personnages. Personnages dont il réussit à la fois à brosser en quelques phrases des portraits vivants et touchants (et souvent drôles) et à ne pas transformer en acteurices héroiques ou moteurices de la révolution, en les montrant comme émergences d’un mouvement collectif. De manière générale, China Miéville fait une fois de plus la preuve de son exceptionnelle maîtrise de l’écriture, avec une concision admirable, un sens de la formule et un vrai humour. Avec tout ça, il donne à comprendre, mais aussi à vivre ces événements inédits et parfois assez incroyables (parce que notamment l’aveuglement hautain et conditionné de Nicolas II et son entourage sont difficiles à imaginer), avec autant d’enthousiasme que de recul critique. Ce qui lui permet de terminer sur un regard critique, et triste, sur les suites de la révolution, mais aussi sur de l’envie et de l’espoir pour aujourd’hui et demain (sans aucune naïveté). Un livre dense et riche que j’ai vraiment aimé.