On entend tout et surtout n’importe quoi sur les quartiers populaires (on parle bien ici des « quartiers », les grands ensembles stigmatisés des métropoles). Et j’aurais dit spontanément : oui, venant de la droite… bon ben je ne dirais plus vraiment ça, et ce n’est pas tellement réjouissant. Hacène Belmessous, que j’ai réalisé avoir déjà lu (sur l’ANRU, ce qui m’avait beaucoup frappé à l’époque), propose ici une relecture historique et politique de la construction, du peuplement et de la gestion de ces quartiers. Il le fait à partir d’une dizaine de quartiers emblématiques, ce qui lui a permis d’aller fouiller dans les archives locales et officielles Et il montre à quel point ces quartiers n’ont jamais été pensés pour leurs habitant-es (et encore moins avec), comme il montre les logiques excessivement racistes (de manière étonnamment explicite et assumée, même à gauche) de leur peuplement et de leur gestion. La responsabilité politique dans les difficultés actuelles est écrasante. La manière dont les revendications d’égalité devant l’Etat ont été récusées et mises au placard de la marche pour l’égalité à 2005 est terrifiante, comme ses conséquences. C’est un livre orienté mais argumenté, que je trouve juste et éclairant. Et qui est rédigé de manière agréable malgré la densité de contenus (mais c’est pas long). Par contre, sans surprise, c’est pas joyeux. Si les questions politiques autour des quartiers vous intéressent, il y a de quoi s’alimenter (et être en colère, aussi).