
Française d’ Eaubonne, dont je vous avais déjà parlé, a écrit et milité sur le féminisme et l’éco-féminisme mais elle a aussi écrit de la science-fiction, qui vient d’être rééditée. Donc j’ai testé. Et c’est étrange, et drôle, et inattendu et un peu bancal. Je dois d’abord dire que pour un lecteur de science-fiction, c’est déstabilisant parce que ce ne sont vraiment pas les codes usuels. Enfin, si, ce sont potentiellement ceux des films des années 50 et 60, avec des tenues métallisées et des ballades tête nue sur une planète inconnue où on respire très bien, merci. Rien de problématique en soi mais faut s’habituer. S’y ajoute le fait que l’équipe d’exploratrices se comportent plus comme des hippies en excursion que comme des scientifiques en exploration : elles fument des opiacées et autres drogues pendant les pauses et vérifient si l’eau est bonne en la goûtant. Ce qui, honnêtement, est drôle, mais m’a aussi fait prendre la mesure de l’omniprésence de codes militaires et hiérarchiques dans la Sf en général, même celle qui n’est pas ouvertement militariste. Tout ça pour dire : ne vous attendez pas à de la SF au sens usuel. Mais au-delà de ça, ben, il y a un propos symbolique plutôt chouette et une société utopique uniquement féminine. Dont on découvre en partie la genèse et ça c’est vraiment drôle et politique et inattendu, avec une guerre femmes- hommes, des amazones motardes qui forcent le pape à les bénir… oui, c’est chamarré et ça mérite le détour. Et ce serait pour moi une raison de lire la suite qui s’annonce comme allant révéler et réfléchir les failles et les travers de cette utopie radicale. Sauf que, lire la suite… j’hésite parce qu’en termes d’écriture et de rythme, j’ai quand même un peu ramé. Il y a beaucoup de longueurs et de descriptions (qui ont une finalité, je ne conteste pas, mais je n’ai pas trouvé que l’écriture faisait assez le job) et si la curiosité m’a emmené au bout, ce n’était pas en étant emporté par l’intrigue ou par l’écriture. Je ne regrette pas, notez, c’est d’une bizarrerie très réjouissante, mais je ne suis pas sûr de pousser plus loin.