
Cette trilogie d’Octavia Butler relève pour de vrai de la science-fiction au sens classique puisqu’elle se déroule dans le futur avec des aliens (beaucoup) et des vaisseaux spatiaux (un peu). Ceci étant, c’est aussi un cadre post-apocalyptique puisque l’humanité s’est presque éradiquée dans une guerre planétaire, les seul-es rescapé-es ayant été sauvé-es par des aliens : les Oankali. (J’essaie de ne pas trop spoiler mais je vais spoiler un peu quand même). Oankali qui ont besoin de préserver l’humanité et de la faire changer en s’y mélangeant. Ce qui suppose donc que les humain-es les acceptent et acceptent de changer profondément, en termes culturels surtout (mais pas que). Le thème de la xénophobie est donc central mais aussi celui de la définition de l’humanité et de ses traits principaux. Butler pose sur l’humanité un regard ambigu : intelligence et tendances hiérarchiques = combinaison destructrice, et fascinante pour les Oankali dont l’identité est profondément différente. Ce parti-pris lui permet de développer des réflexions et enjeux dont elle est coutumière avec profondeur et finesse, et avec le regard distancié et extérieur que permet la SF. Dont notamment les questions d’identité sexuelle puisque les Oankali ont trois sexes. C’est tout aussi puissant que ses autres romans mais moins brutal et traumatisant. Et c’est bien de fiction Panier (cf Ursula Le Guin), c’est-à-dire avec des enjeux et tensions sur les relations, la famille et la civilisation ; et pas sur le fait de courir après des vilains pour faire bang bang paf paf. Les trois tomes se suivent strictement mais avec un personnage différent à chaque fois, trois générations (plus ou moins) de la même famille. Chaque tome réussit un bel équilibre entre les enjeux de croissance et d’évolution du personnage et ceux de la relation humains-Oankali (et donc du devenir de l’humanité). Et les trois personnages sont touchant-es et attachant-es. L’écriture est fluide et efficace et ne se perd pas en digressions. C’est une belle série, que j’ai bien aimée et qui est sans doute la plus accessible de Butler pour les fans de science-fction. Et accessoirement, ça sort en français bientôt au Diable Vauvert.
Ah, et puis : vous avez vu ces magnifiques couvertures ?


Hmm, ça fait bien envie!