Plus je lis bell looks et plus j’aime bell hooks. Celui-ci est certainement celui qui m’a le plus touché, le plus interpelé et le plus enthousiasmé. bell looks y réfléchit la masculinité, sa construction, ses failles et les perspectives de la changer. Avec un regard profondément féministe mais aussi résolument aimant. C’est une approche rare et je la trouve vraiment précieuse. Pour autant, ce n’est pas parce que c’est aimant qu’elle ne tape pas fort. Elle vise juste, elle va en profondeur et elle expose de manière brillante tout ce que la masculinité patriarcale à de nocif et de dangereux. Aussi pour les hommes. C’est-à-dire la manière dont cette forme de masculinité produit des hommes estropiés émotionnellement, incapables d’aimer réellement et donc nocifs et formés à avoir recours à la violence comme échappatoire. Et elle prend le temps d’aller regarder comment cette masculinité est transmise dans l’éducation et les injonctions, notamment familiales (et que c’est donc quelque chose qu’on porte et transmet toutes et tous). Je trouve assez unique son prisme très politique de la vie émotionnelle, et je le trouve précieux en ce qu’il vient interroger et mobiliser sur ce qui fait, ou devrait faire, le cœur d’une vie heureuse, individuellement et socialement. Ce qui fait que c’est troublant et aidant individuellement, et que ça m’a beaucoup touché et interrogé, mais que c’est bien inscrit dans une finalité politique et féministe. Et bell looks ne s’arrête pas à l’analyse et au constat mais commence à dessiner la perspective de la construction d’une autre masculinité, ce qui donne de l’espoir et de beaux horizons de travail, individuels et collectifs. C’est un livre que j’ai trouvé extrêmement puissant et riche, et qui me semble incontournable pour tout homme féministe, et recommandable bien plus largement.