
Arkady Martine est docteure en histoire avec expertise sur l’Empire Byzantin (autant dire que rien que ça, ça me séduisait) : ça se sent puisque si le style de son empire futuriste est plutôt méso-américain, la substance et les enjeux sont très byzantins. C’est de la science- fiction politique, qui parle d’Empire, d’hégémonie culturelle et de la lente assimilation des barbares. Par le regard d’une barbare, donc, ambassadrice d’une petite nation spatiale et amoureuse de la culture de l’Empire. Culture d’abord littéraire et poétique, ce qui permet un jeu fin et original sur la langue et l’écriture dans la politique et la culture en général. Et tout ceci est assemblé et mis en scène dans un cadre de science-fiction somme toute relativement classique, ce qui fait que si l’univers et l’intrigue sont riches on ne s’y perd pas non plus. Les personnages sont riches aussi, et nuancées et en grande partie féminines, ce qui me confirme tout le bien que je pense de la vague actuelle d’autrices de science-fiction qui viennent renouveler le genre et le démasculiniser. C’est un roman très réussi et très solide, qui réussit à apporter du nouveau et de l’original dans un format classique, et je trouve que c’est un prix Hugo bien mérité. Et même si il y a une suite et tant mieux, c’est un roman avec une vraie fin qui se tient tout seul.