Pourquoi si souvent les mouvements militants épuisent-ils leurs membres ? Ont des dynamiques humaines toxiques ? Excluent ou donnent envie de fuir ? Ou, pour le dire autrement : pourquoi ne sont-ils pas plus souvent des espaces de joie et d’ébullition collective ? C’est à ce sujet que s’attaquent les auteurices. Non pas sous forme d’essai théorique mais sous forme de réflexion ouverte et vivante, largement nourrie d’entretiens avec des militant-es d’horizons diversifiés (dont Silvia Federici et des leaders autochtones amérindiens notamment, ce qui amène à une large ouverture). C’est une forme que j’ai trouvée très fluide et agréable à lire, et très en adéquation avec le propos. Et le propos est passionnant pour qui s’intéresse aux dynamiques collectives et a fortiori militantes. Après avoir fait un petit tour d’horizon des difficultés, les auteurices font un large détour par la question de la joie (et de la tristesse) au sens spinoziste. Pas la première fois que je croise cette perspective, mais sans doute la première fois que je la trouve aussi bien expliquée et aussi pertinente. Ça m’a vraiment apporté des idées et donné envie. Et ensuite, on s’attaque aux liens avec le capitalisme et le patriarcat, et à la manière dont leurs codes nous sont devenus normaux et sont toxiques. Et de cette perspective politisée, on explore des manière de retrouver de la joie militante, en s’inspirant de courants variés et vivants. C’est une 

réflexion forte, mais aussi fondamentalement joyeuse, et qui a aussi le mérite de rester ouverte, de ne jamais virer au dogmatisme ou aux leçons. Si ces sujets vous intéressent, c’est une bonne manière de s’alimenter.