Voilà un beau roman, bien écrit, dans un cadre fascinant mais vraiment pas drôle. Tituba naît à La Barbade, noire et fille d’esclave, au XVIIème. Après la mort de ses parents, elle est recueillie et formée un temps par une sorcière. Qui meurt. Ce qui l’amène, quelques temps plus tard, à rejoindre la société et à se trouver reprise dans le système esclavagiste. Qui la conduira à Salem où elle fera partie des accusées pour sorcellerie. Sans trop spoiler plus : elle en réchappe mais ce n’est pas pour autant qu’on va ensuite vers des péripéties ou une fin heureuse. Inspirée d’un personnage historique, mais peu documenté, Maryse Condé livre une histoire forte et dure, mais belle aussi parce qu’elle parle de force, de résistance et d’espoir (notamment dans un épilogue qui met ce parcours en écho avec les luttes suivantes et toujours en cours). Et c’est aussi une occasion de découvrir un peu mieux cette époque et une partie des racines des Etats-Unis. Au final, ce n’est pas un roman pour s’amuser et s’alléger mais c’est un beau texte et un personnage, comme un parcours, marquant.