Si je vous dit que c’est un roman avec des gens qui ont des super-pouvoirs et un super vilain immortel, vous allez vous faire une idée complètement fausse de Wild Seed (alors que c’est bien le cas). Parce que quand Octavia Butler utilise des clichés de la littérature fantastique (ou SF), c’est pour en faire quelque chose d’unique et de profond, pour les régénérer. D’une part, on est ici entre le 17ème et le 19ème siècle (oui, avec deux personnages principaux immortels, forcément, on peut), entre l’Afrique, la traite esclavagiste et les débuts des Etats-Unis. Donc on ne va pas esquiver la question raciale ni celle de l’esclavage. Je dirais même que la thématique de fond est celle de la domination, que ce soit en termes de contexte ou de relations entre les personnages (et leurs super-pouvoirs). Et des stratégies pour s’y opposer, notamment quand on n’a pas les moyens d’un affrontement direct. Les personnages sont profonds et complexes, et donc touchants. Le contexte historique est immersif. L’écriture est aussi agréable qu’efficace. C’est un vraiment bon livre donc. Et comme toujours avec Octavia Butler, ce n’est pas de la distraction pour soirées roudoudou (même si c ‘est moins trash que la série Parable (mais c’est parce qu’on est plus sur des enjeux de domination psychologique, que je trouve moins traumatisants (et ce ne sera pas forcément le cas de toutes))). C’est le début d’une série (écrite dans le désordre), je vous parle de la suite bientôt (parce que je compte bien faire le tour des écrits d’Octavia Butler).