
David Graeber n’écrira plus de livres, et je ne suis pas prêt d’en faire le deuil. Je pense que je ne suis pas le seul et que ça a dû motiver notamment la publication de ce livre qui est la retranscription d’une longue discussion entre David Graeber, Mehdi Belhaj Kacem, Nika Dubrovsky et Assia Turquier-Zauberman (Je ne connais pas les trois autres mais ils et elles ont aussi des trucs à raconter et des bonnes questions, ça fait une vraie discussion riche, pas une interview). Ils et elles y parlent de beaucoup beaucoup de choses. Toutes sont politiques et toutes donnent lieu à des éclairages et des idées brillantes. Ce sont des embryons de ce qui aurait pu être toute une série de bouquins de Graeber : des intuitions et des analyses que je trouve originales et brillantes mais qui ne sont par contre pas développées ni étayées : comme dans une discussion, pas comme dans un essai donc. Sans surprise, j’ai adoré. Sans surprise, il faut que je le reprenne pour y renoter au propre toutes les idées que j’ai envie d’en garder. Et sans surprise non plus : il y en a tellement trop que je l’ai lu doucement pour gérer la densité (très bonne idée d’ailleurs : chaque partie thématique de la discussion a son titre identifié, ça aide beaucoup). J’ai adoré, ok, mais plus largement je pense que ça marchera surtout pour celles et ceux qui s’intéressent sérieusement à la pensée anarchiste contemporaine et surtout aux fans de Graeber. Pour les autres ça risque quand même d’être à la fois abstrait et confus (voire bordélique).