Alain Accardo est un étudiant, puis collègue puis continuateur de Bourdieu. Il fait donc dans la sociologie antique, en étant issu des classes populaires et avec un engagement clairement à gauche même s’il a quitté le PCF depuis longtemps. Je ne l’avais jamais lu mais je n’ai pas été surpris d’apprécier. Dans ce petit ouvrage, il entreprend d’abord de brosser un tableau critique et vif de la société capitaliste actuelle et des grands rapports sociaux, de classe en particulier, qui la traverse. Jusque là, rien de très surprenant en ce qui me concerne mais j’ai trouvé ça vraiment bien construit, bien tourné et dynamique. Et ça fait toujours du bien de ne pas se sentir seul sur tout ça. Ce qui lui sert de base pour ensuite venir voir de plus près le parcours et la position de la classe moyenne, et c’est là que ça devient de mon point de vue passionnant : parce qu’il vient interroger la manière dont se pense et se positionne la petite-bourgeoisie, en argumentant que c’est là que se joue un des points-clés de la transformation sociale, en tout cas celle qui voudrait sortir du capitalisme. On est donc bien sur le terrain de la bataille culturelle, en soumettant aux petits-bourgeois de gauche (dont je suis, hein) que sans une socianalyse un peu attentive de soi-même, ça va être difficile de sortir d’une certaine hypocrisie voire d’une certaine impuissance. Et c’est bien visé et ça donne de vraies clés, et de vrais coups de pieds au cul. C’est un livre qui m’a bien agité et qui va sans doute me faire réfléchir un moment. Pas confortable donc mais vraiment bienvenu et enrichissant pour celles et ceux qui sont prêts à se faire bousculer.