Amandine Dhée écrit délicieusement bien : c’est vif, c’est touchant, plein d’humour et de sensibilité. Et ce qui est remarquable, c’est qu’elle écrit parce qu’elle a des choses intelligentes et fines à raconter : sur ce que c’est qu’être une femme et une mère aujourd’hui, surtout quand on est féministe, et intelligente. Avec l’ambition de ne pas en rester aux normes et aux injonctions, mais en même temps la conscience de tout ce qu’on continue à s’en trimballer, de toute la difficulté à s’en défaire concrètement et émotionnellement au quotidien. Et en le racontant avec un humour fin et piquant. Le format est court et vif, et ça fonctionne vraiment très bien. Ces deux romans m’ont beaucoup plu et beaucoup touché, mais sur des registres différents. La femme-brouillon parle de la grossesse et du fait de devenir mère, ce qui m’a éclairé et fait ressentir de manière très directe les tensions, questions et injonctions (d’une certaine manière, c’est de la sociologie incarnée, ce que j’adore quand c’est aussi bien pensé et écrit). À mains nues m’a en plus parlé aussi de moi puisqu’elle y raconte les questionnements, dilemmes, contradictions et absurdités de la vie de couple et de parents qui se veulent progressistes, égalitaires et émancipé-es. Pour rire, pleurer, s’énerver, s’attendrir, se moquer de soi et vraiment réfléchir, tout à la fois. Amandine Dhée est vraiment une autrice que je vous recommande de découvrir, sans hésiter, et que je vais continuer à lire.