Voilà un livre que je comptais lire depuis longtemps et dont je savais qu’il ne me ferait pas plaisir. Enfin, ce n’est pas exactement vrai : ça m’a fait plaisir de lire et de comprendre et de voir à quel point je ne suis pas d’accord et ça me révulse. Parce que Bernays est le fondateur des relations publiques modernes. L’inspirateur (génial, je reconnais) de cette révolution qu’a été la communication politique et publicitaire moderne : l’industrie de la fabrication du consentement. C’est très éclairant parce qu’il pose effectivement toutes les bases et principes de ce qu’on vit aujourd’hui, et il le fait avec une grande clarté et une grande transparence, étant persuadé que c’est quelque chose de bon pour la société et qu’il doit convaincre le plus largement. Donc il expose les intentions, les méthodes, mais aussi les parti-pris sociaux et politiques. Ça fait du coup office à la fois de récit d’origine, de manuel et de décryptage. Et, comme je disais, c’est brillant, notamment dans la manière de se nourrir des sciences sociales pour construire. Ce qui est une leçon en soi. Et c’est aussi d’une certaine manière naïf sur l’idée que ça ne peut bien sûr être mis en place et fonctionner que de manière éthique. Je vous le conseille si vous voulez voir d’où vient cette dimension importante de notre monde actuel. Et accessoirement, c’est court, facile à lire et fourni avec une excellente introduction et mise en contexte du non moins excellent Normand Baillargeon.